Jacques Cur devient un commerçant
à une échelle beaucoup plus ample que ses concurrents
de l'époque. Marchand mais aussi banquier, armateur,
industriel, maître de mines dans le Forez, il est le
contemporain de Jeanne d'Arc,
de Gilles de Rais, et le confident d'Agnès Sorel.
Il conçoit des routes, installe des comptoirs pour faire
" commerce avec les infidèles ", créé
une flotte de navires. Ses galées, et le négoce
avec le Levant devint plus que prospère.
Il est un " manager "
d'une grande modernité, à la fois Receveur des
taxes sur le sel, Commissaire aux Etats du Languedoc, maître
des Monnaies et Argentier du Roi. Il tisse un réseau commercial
de toute première importance, avec Montpellier, puis Lyon,
Avignon, Limoges, Rouen et Paris.
Comme l'écrivent ses biographes,
" Il fut créateur, sans le savoir, des sociétés
multinationales et des entreprises à succursales multiples,
il réussit à stopper la dévaluation de la
monnaie ". Il fut un génial administrateur et
un diplomate dans des situations délicates, fréquentant
les rois, les princes et les papes.
En fait, la fortune du grand argentier
ne serait pas due totalement à la vente de tissus ou de
fourrures aux nobles de la cour, ni dans la fabrication de l'or
à partir de métaux vils comme cela se murmurait
dans les milieux alchimistes. C'était sans doute plus
simple et plus rentable, il " jouait les différences
de cours de l'Or et de l'Argent, entre l'Occident et le Levant.
Jacques Cur est anobli en 1441, et deux ans plus tard, il acquiert un terrain,
pour y construire une " grant'maison ", ce que nous
appelons le Palais.
Les travaux vont commencer assez vite, mais les difficultés
techniques apparaissent, car la construction se fait sur une
partie du rempart gallo-romain.
En 1450, le Palais est presque terminé.
Jacques Cur donne une fête dans la salle des festins,
pour la réception organisée à la suite de
l'accession comme archevêque de Bourges de son fils, Jean.
Ce sera une des rares occasions pour Jacques Cur de profiter
de son palais.
Jacques Cur est arrêté
sur l'ordre du roi Charles VII le 31 juillet 1451. Il est emprisonné
pour une dizaine de motifs plus ou moins sérieux. Mais
à l'époque on ne badine pas avec les aveux. Torturé
et soumis à la question il avoue tout ce que veulent ses
détracteurs, et il est condamné le 23 mai 1453.
Il va finir sa vie aventureuse comme dans
un roman de cape et d'épée. Il s'évade de
sa prison, rejoint Rome et le Pape, affrète une flotte
au nom de son illustre hôte, et s'en va combattre les infidèles.
Il meurt le 25 novembre 1456 dans l'île de Chio,
sans doute lors d'un combat naval avec les Turcs.
Parmi les médiévistes qui
travaillent sur le XV ième siècle et sur Jacques
Coeur, deux théories s'affrontent :
- Celle de Michel MOLLAT pour lequel Jacques
Coeur est un chef d'entreprise, et une entreprise privée.
Son livre "Jacques Coeur et l'esprit d'entreprise"
est un ouvrage de base, qui montre que l'Argentier du roi a été
dans tous les domaines un homme de son temps mais en avance sur
le plan de l'entreprise.
- A l'opposé, la théorie
de Jacques HEERS, dans son livre "Jacques Coeur, dans lequel
il défend la thèse d'un Jacques Coeur qui est avant
tout un officier du roi, et donc un dirigeant d'une entreprise
publique. Pour lui, Jacques Coieur préfigure ces grands
"commis" de l'Etat qui gèrent les entreprises
appartenant à l'Etat.