Jacques Coeur par Roland Narboux - site officiel sur Jacques Coeur

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Le texte complet de la conférence sur Jacques Coeur par le professeur Robert GUILLOT



 

Parmi les énigmes que nous avons sur Jacques Coeur figure Augerville, un château de la grande région parisienne qui recèle des sculptures surprenantes sur notre grand Argentier.

Une histoire lointaine

À la fin du xiiie siècle, Pierre-de-Beaumont fait édifier, avec son frère Dreux, un château fort. En 1290, le fils de Dreux, Jehan de Beaumont, seigneur d'Augerville et maître du palais royal sous les rois Philippe IV le Bel et Louis X le Hutin, hérite du château d'Augerville, qu'il agrandit.

Au xve siècle, faute d'entretien et du fait des pillages, le château d'Augerville devient une ruine que rachète Jacques Cœur qui, en tant que grand argentier du roi Charles VII, a coutume de racheter les fiefs abandonnés après la guerre de Cent Ans pour les remembrer à sa guise.

Jacques Cœur n'aura pas le temps d'y séjourner, traduit devant la justice royale pour malversations, il est condamné à l'exil, où il mourra, et voit ses biens confisqués.

Après dix ans de séquestre, en 1463, son fils Geoffroy loue une partie du fief, privé qu'il est de l'héritage paternel. Geoffroy Cœur meurt en 1488, léguant le château d'Augerville à son fils Jacques II Cœur qui, ayant accès à l'héritage de son grand-père, dilapide sa fortune.


Et voici la suite de cette histoire

Je commençais par relire la liste des biens inventoriés par le procureur Dauvet…. Et après de nombreuses heures à compulser ces notes très administratives et à la lecture fastidieuse, je ne trouvais rien. Aucune trace, aucune allusion d'Augerville ou de la région de Pithiviers.
Et pourtant, lorsqu'il y a une légende ou une tradition locale, c'est souvent à partir de faits réels.

Je retrouvais les traces d'Augerville à partir d'études de Philippe Carton sur la maison de Jacques Cœur à Paris, celle qui est située dans le quartier du Marais. Et cette bâtisse de briques rouges avait été construite par les descendants de Jacques Cœur, certainement sur un emplacement ayant appartenu en propre à l'Argentier. Elle avait appartenu à Marie Cœur, la petite fille de l'Argentier.


A partir de là, je cherchais encore pour savoir si on ne pouvait pas trouver un lien avec Augerville, qui était un domaine de la proche région parisienne. Et c'est dans un ouvrage de la bibliothèque des 4 Piliers de Bourges que je retrouvais un texte sur les familles du Berry et sur Jacques Cœur et sa postérité.

Dame Marie Coeur


C'est ainsi qu'il était noté que "Dame Marie Cœur, petite fille de Jacques", possédait les seigneuries de Boulancourt, et Augerville".

Ainsi ce lieu avait sans doute été acquis par Joffroy Cœur le fils de Jacques ou encore par Marie elle-même, telle était ma première conclusion.

En mai 2005, je partais pour Augerville, et je découvrais un château possédé par une société privée, laquelle gérait le golf d'Augerville. En entrant dans le hall d'accueil, je fus stupéfait, car à 170 kilomètres de Bourges, je découvrais sur tous les murs, les devises de Jacques Cœur, ses armoiries, le tympan des 3 arbres de la cour du palais de Bourges…. Tout Jacques Cœur était là ! Et même le célèbre et mystérieux "Dire - Faire - Taire".


Le responsable de l'accueil, voyant ma tête, était un peu intrigué, et après lui avoir fait part de ma visite, il sortit d'une étagère placée sous le bureau d'accueil un document :

- Vous avez raison, ce domaine a bien appartenu à Jacques Cœur. Il l'a acheté vers 1449, et par la suite, on a connu essentiellement son fils Geoffroy et sa petite fille Marie Cœur qui avait épousé un avocat de Paris, Eustache Luillier, seigneur de Boulancourt.
- Mais vous avez des preuves de tout cela ?
- D'une manière indirecte, c'est une étude de la Société Archéologique de Puiseaux, un bourg situé à quelques kilomètres d'ici, publiée en 1993. Il est affirmé que Jean IV de Courtenay, totalement ruiné, "aurait vendu la seigneurie d'Augerville à Jacques Cœur", ce qui a sans doute été fait par l'intermédiaire d'un de ses facteurs, comme pour Boisy ou Saint Fargeau.
- Et après que savons-nous, est-ce que toutes ces sculptures sont d'époque ou est-ce une série de copie? Car le château que je vois aujourd'hui n'est pas de l'époque de Jacques Cœur.
- Non, le château avait été laissé à l'abandon, et c'est vers 1510 ou 1520 que Marie Cœur le fait reconstruire.

Dans le château d'Augerville

J'avais toujours en tête, ce fameux "trésor" de l'Argentier. Pourtant je sentais qu'il se dérobait une fois encore. J'étais bien dans l'étrange avec ces curieuses sculptures, mais vraisemblablement, l'Argentier n'avait pas fréquenté ce fief, et à partir de cette hypothèse, la légende de la fortune enfouie dans ce château était une fois encore un leurre.


Mon interlocuteur me mis rapidement à l'aise sur ces sculptures :

- malheureusement, ce que vous êtes en train de prendre en photos, ce ne sont que des copies modernes. Elles datent des années 1920. Oui, j'ai bien dit 1920. Une riche américaine avait acheté le domaine et elle avait voulu reproduire tout ce qui touchait à l'Argentier. C'est du néo-gothique, comme on en trouve dans de nombreuses viles.
- Vous avez raison, répondis-je. A Bourges, nous avons la Poste centrale qui est dans ce style et elle date de la même époque. Mais ces reproductions sont tout à fait remarquables, finalement, votre riche américaine madame Belmont possédait un certain goût et une bonne connaissance de "notre Argentier".
Je quittais Augerville, heureux d'avoir vu ces pièces, mais avec une autre certitude concernant les biens de Jacques Coeur. Il ne fait aucune doute qu'Augerville a été acquis par l'Argentier, car prendre des biens à des nobles désargentés était devenu une de ses spécialités. De plus, en août 1463, à la levée du séquestre, ce domaine d'Augerville revint à son fils Geoffroy Cœur.

 

 

Vues actuelles du château d'Augerville

Cela signifie que le procureur Dauvet n'a pas mis sous séquestre tous les biens de Jacques Cœur puisque Augerville, Trézan, Boulancourt n'y figurent pas. Il y a donc une partie de la fortune de l'Argentier qui est restée à l'abri, et qui fut redonnée à ses enfants par Louis XI.
Ce qui est vrai pour des terres et des châteaux l'est encore plus pour des objets plus petits et plus dissimulables comme de l'or ou des pierres précieuses.

Après Boisy, Angerville et intéressé par Montpellier ville qui avait subit tant de transformations depuis le XVe siècle, je ne cherchais plus dans les mille et un biens de l'Argentier pour découvrir le lieu où pouvait encore être "le fameux trésor".

 

Complément de Wikipédia en 2020

Jacques II Cœur meurt en 1505, sans descendance, sa sœur Marie Cœur hérite donc du château et fief d'Augerville. Cette dernière fait rénover l'église, le village et le château d'Augerville grâce à la création d'un marché et de deux foires à Augerville-la-Rivière par le roi Louis XII, dès 1508. Grâce à cette source de revenus, le village et le château d'Augerville sont ceints de nouveaux remparts et l'église est dotée d'une nouvelle cloche, dédiée à la Vierge et à Marie Cœur. En 1557, elle sera inhumée en l'église d'Augerville-la-Rivière.

Le fils de Marie Cœur, Jean Luillier, hérite du château et fief d'Augerville-la-Rivière mais n'y séjourne guère, accaparé qu'il est par les charges de maître des comptes du roi, prévost des marchands de Paris et président de la Chambre des comptes. Toutefois, le château d'Augerville accueille le 17 septembre 1562, Catherine de Médicis et le jeune roi Charles IX.


Au XIX ième siècle le château est acheté par l'avocat et député royaliste Pierre-Antoine Berryer qui dépensera son temps et sa fortune à remanier le château d'Augerville. Le château devient le théâtre de fêtes, où se pressent compositeurs, écrivains et peintres de renom. Ainsi, durant quarante-trois ans, Chateaubriand, Alexandre Dumas fils, Franz Liszt, Rossini, Alfred de Musset et Eugène Delacroix séjourneront au château d'Augerville.


Au XX ième siècle, le comte de Pange remet en état les façades, les jardins et les terres, si bien qu'il revend le château et domaine d'Augerville-la-Rivière à l'industriel parisien Félix Mouton, roi du fil de fer, pour 500 000 francs à l'automne 1919. Ce dernier refait les appartements à neuf, transforme les écuries en garages et agrémente le parc d'un tennis.

À l'été 1926, il vend le château et domaine d'Augerville-la-Rivière à Mme Belmont, milliardaire américaine. Celle-ci remplace l'escalier de fer forgé, transfère les cuisines au sous-sol, transforme les douves en étang, métamorphose les garages en un appartement, ajoute un mur crénelé autour du château pour rappeler l'Hôtel de Cluny à Paris et aménage un bowling, l'un des premiers de France, dans l'un des pavillons du parc.

Madame Belmont meurt en 1933 et lègue le château à sa fille, Consuelo Vanderbilt, épouse de Jacques Balsan., qui vend le tout à la société suisse Balmagera, à l'hiver 1937.

L'actionnaire majoritaire de Balmagera, le docteur Kopp, chimiste allemand, habite dès cette époque les communs, le château lui-même étant inoccupé. Durant la Seconde Guerre mondiale, il devient colonel dans la Wehrmacht et reste au château d'Augerville-la-Rivière après la Libération, jouissant au village d'une certaine popularité.

Le docteur Kopp transforme la ferme du parc en haras, aménage un laboratoire dans les communs et signe une promesse de vente à René Sanselme, directeur de plusieurs théâtres parisiens, en décembre 1958. Cependant, l'affaire tourne mal et ses rebondissements font la une de la presse. Le docteur Kopp sera finalement arrêté en 1962 pour détention illégale d'armes de guerre et trafic d'héroïne, tandis que le château et le domaine d'Augerville-la-Rivière sont mis sous séquestre.

En septembre 1976, le mobilier est vendu aux enchères et le château et domaine adjugés à monsieur Dupont, qui a l'intention d'y créer un parc de loisirs. La municipalité d'Augerville-la-Rivière ayant obtenu le classement de la façade du château et des communs à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le parc de loisirs ne verra pas le jour. À défaut, monsieur Dupont aménage une boîte de nuit dans une aile des communs. C'est là que dans la nuit du 6 au 7 janvier 1986, un incendie criminel détruit la discothèque. À cette date, le château est inhabitable, car sa toiture à refaire laisse passer l'eau à maints endroits.

De 1986 à 1989, le château et le domaine d'Augerville-la-Rivière sont revendus deux fois.

Le château est aujourd'hui un hôtel de luxe agrémenté d'un golf.