Jacques Coeur par Roland Narboux - site officiel sur Jacques Coeur
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Une histoire lointaine À la fin du xiiie siècle, Pierre-de-Beaumont fait édifier, avec son frère Dreux, un château fort. En 1290, le fils de Dreux, Jehan de Beaumont, seigneur d'Augerville et maître du palais royal sous les rois Philippe IV le Bel et Louis X le Hutin, hérite du château d'Augerville, qu'il agrandit. Au xve siècle, faute d'entretien et du fait des pillages, le château d'Augerville devient une ruine que rachète Jacques Cur qui, en tant que grand argentier du roi Charles VII, a coutume de racheter les fiefs abandonnés après la guerre de Cent Ans pour les remembrer à sa guise. Jacques Cur n'aura pas le temps d'y séjourner, traduit devant la justice royale pour malversations, il est condamné à l'exil, où il mourra, et voit ses biens confisqués. Après dix ans
de séquestre, en 1463, son fils Geoffroy loue une partie
du fief, privé qu'il est de l'héritage paternel.
Geoffroy Cur meurt en 1488, léguant le château
d'Augerville à son fils Jacques II Cur qui, ayant
accès à l'héritage de son grand-père,
dilapide sa fortune. Et voici la suite de cette histoire Je commençais
par relire la liste des biens inventoriés par le procureur
Dauvet
. Et après de nombreuses heures à compulser
ces notes très administratives et à la lecture
fastidieuse, je ne trouvais rien. Aucune trace, aucune allusion
d'Augerville ou de la région de Pithiviers. Je retrouvais les traces d'Augerville à partir d'études de Philippe Carton sur la maison de Jacques Cur à Paris, celle qui est située dans le quartier du Marais. Et cette bâtisse de briques rouges avait été construite par les descendants de Jacques Cur, certainement sur un emplacement ayant appartenu en propre à l'Argentier. Elle avait appartenu à Marie Cur, la petite fille de l'Argentier.
Dame Marie Coeur
Ainsi ce lieu avait
sans doute été acquis par Joffroy Cur le
fils de Jacques ou encore par Marie elle-même, telle était
ma première conclusion. En mai 2005, je partais pour Augerville, et je découvrais un château possédé par une société privée, laquelle gérait le golf d'Augerville. En entrant dans le hall d'accueil, je fus stupéfait, car à 170 kilomètres de Bourges, je découvrais sur tous les murs, les devises de Jacques Cur, ses armoiries, le tympan des 3 arbres de la cour du palais de Bourges . Tout Jacques Cur était là ! Et même le célèbre et mystérieux "Dire - Faire - Taire".
- Vous avez raison,
ce domaine a bien appartenu à Jacques Cur. Il l'a
acheté vers 1449, et par la suite, on a connu essentiellement
son fils Geoffroy et sa petite fille Marie Cur qui avait
épousé un avocat de Paris, Eustache Luillier, seigneur
de Boulancourt. Dans le château d'Augerville J'avais toujours en tête, ce fameux "trésor" de l'Argentier. Pourtant je sentais qu'il se dérobait une fois encore. J'étais bien dans l'étrange avec ces curieuses sculptures, mais vraisemblablement, l'Argentier n'avait pas fréquenté ce fief, et à partir de cette hypothèse, la légende de la fortune enfouie dans ce château était une fois encore un leurre.
- malheureusement,
ce que vous êtes en train de prendre en photos, ce ne sont
que des copies modernes. Elles datent des années 1920.
Oui, j'ai bien dit 1920. Une riche américaine avait acheté
le domaine et elle avait voulu reproduire tout ce qui touchait
à l'Argentier. C'est du néo-gothique, comme on
en trouve dans de nombreuses viles.
Vues actuelles du château d'Augerville Cela signifie que le
procureur Dauvet n'a pas mis sous séquestre tous les biens
de Jacques Cur puisque Augerville, Trézan, Boulancourt
n'y figurent pas. Il y a donc une partie de la fortune de l'Argentier
qui est restée à l'abri, et qui fut redonnée
à ses enfants par Louis XI. Après Boisy, Angerville et intéressé par Montpellier ville qui avait subit tant de transformations depuis le XVe siècle, je ne cherchais plus dans les mille et un biens de l'Argentier pour découvrir le lieu où pouvait encore être "le fameux trésor". Complément de Wikipédia en 2020 Jacques II Cur meurt en 1505, sans descendance, sa sur Marie Cur hérite donc du château et fief d'Augerville. Cette dernière fait rénover l'église, le village et le château d'Augerville grâce à la création d'un marché et de deux foires à Augerville-la-Rivière par le roi Louis XII, dès 1508. Grâce à cette source de revenus, le village et le château d'Augerville sont ceints de nouveaux remparts et l'église est dotée d'une nouvelle cloche, dédiée à la Vierge et à Marie Cur. En 1557, elle sera inhumée en l'église d'Augerville-la-Rivière. Le fils de Marie Cur,
Jean Luillier, hérite du château et fief d'Augerville-la-Rivière
mais n'y séjourne guère, accaparé qu'il
est par les charges de maître des comptes du roi, prévost
des marchands de Paris et président de la Chambre des
comptes. Toutefois, le château d'Augerville accueille le
17 septembre 1562, Catherine de Médicis et le jeune roi
Charles IX. Au XIX ième siècle
le château est acheté par l'avocat et député
royaliste Pierre-Antoine Berryer qui dépensera son temps
et sa fortune à remanier le château d'Augerville.
Le château devient le théâtre de fêtes,
où se pressent compositeurs, écrivains et peintres
de renom. Ainsi, durant quarante-trois ans, Chateaubriand, Alexandre
Dumas fils, Franz Liszt, Rossini, Alfred de Musset et Eugène
Delacroix séjourneront au château d'Augerville. Au XX ième siècle, le comte de Pange remet en état les façades, les jardins et les terres, si bien qu'il revend le château et domaine d'Augerville-la-Rivière à l'industriel parisien Félix Mouton, roi du fil de fer, pour 500 000 francs à l'automne 1919. Ce dernier refait les appartements à neuf, transforme les écuries en garages et agrémente le parc d'un tennis. À l'été 1926, il vend le château et domaine d'Augerville-la-Rivière à Mme Belmont, milliardaire américaine. Celle-ci remplace l'escalier de fer forgé, transfère les cuisines au sous-sol, transforme les douves en étang, métamorphose les garages en un appartement, ajoute un mur crénelé autour du château pour rappeler l'Hôtel de Cluny à Paris et aménage un bowling, l'un des premiers de France, dans l'un des pavillons du parc. Madame Belmont meurt en 1933 et lègue le château à sa fille, Consuelo Vanderbilt, épouse de Jacques Balsan., qui vend le tout à la société suisse Balmagera, à l'hiver 1937. L'actionnaire majoritaire de Balmagera, le docteur Kopp, chimiste allemand, habite dès cette époque les communs, le château lui-même étant inoccupé. Durant la Seconde Guerre mondiale, il devient colonel dans la Wehrmacht et reste au château d'Augerville-la-Rivière après la Libération, jouissant au village d'une certaine popularité. Le docteur Kopp transforme la ferme du parc en haras, aménage un laboratoire dans les communs et signe une promesse de vente à René Sanselme, directeur de plusieurs théâtres parisiens, en décembre 1958. Cependant, l'affaire tourne mal et ses rebondissements font la une de la presse. Le docteur Kopp sera finalement arrêté en 1962 pour détention illégale d'armes de guerre et trafic d'héroïne, tandis que le château et le domaine d'Augerville-la-Rivière sont mis sous séquestre. En septembre 1976, le mobilier est vendu aux enchères et le château et domaine adjugés à monsieur Dupont, qui a l'intention d'y créer un parc de loisirs. La municipalité d'Augerville-la-Rivière ayant obtenu le classement de la façade du château et des communs à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le parc de loisirs ne verra pas le jour. À défaut, monsieur Dupont aménage une boîte de nuit dans une aile des communs. C'est là que dans la nuit du 6 au 7 janvier 1986, un incendie criminel détruit la discothèque. À cette date, le château est inhabitable, car sa toiture à refaire laisse passer l'eau à maints endroits. De 1986 à 1989, le château et le domaine d'Augerville-la-Rivière sont revendus deux fois. Le château est aujourd'hui un hôtel de luxe agrémenté d'un golf. |