SOMMAIRE :
RETOUR AGNES
- Actualités 2008
- Actualité
2009
- Agnès
Sorel
- Agnès
Sorel, assassinée ?
- Albums photos Picassa
- Alchimie
et Jacques Coeur
- Amis de Jacques Coeur
- Association
Amis de J Coeur
-
- Bourges sous
Jacques Coeur
- Bibliographie
-
- Charles VII (Tout sur)
- Château
(Le) de Boisy
- Chios
(L'île de)
- Chronologie
du XV ième siècle
- Conférence
sur Jacques Coeur
- Courrier
reçu
- Climat
(le) en France sous J C.
-
- Dauvet (procureur)
-
- Enfants de Jacques Coeur
- Enigme
dévoilée
- Essentiel (l') sur Jacques Coeur
-
- Gimart, facteur de JC
-
- Héritage du patrimoine de JC
- Jeanne d'Arc et Jacques Coeur
- Jean
de Village
-
- Lyon et Jacques Coeur
-
- Macée de Léodepart
- Montpellier
- Mort
(la) de Jacques Coeur
-
- Navires et la mer sous J Coeur
-
- Palais Jacques Coeur
- Pathographie
- Personnage
de Jacques Coeur
- Plan
du site
- Portraits
de Jacques Coeur
- Programme
2008
- Programme
2009
-
- Questions
sur Jacques Coeur
-
- Route Jacques Coeur
-
- Sources d'information
-
- Vie de Jacques Coeur
- Village
(Jean de )
- Voyage
(le dernier) de J C
-
- ET ENCORE :
-
- les
restes humains ?
- Du
nouveau sur Jacques Coeur
- Agnès
Sorel avec LE MONDE / LIBERATION
|
Quelle fut l'influence
politique d'Agnès Sorel auprès de Charles VII et
de l'ensemble de la cour ?
- L'influence d'Agnès Sorel
sur le roi Charles VII
-
- Pas simple à partir de ces années,
de connaître l'influence réelle d'Agnès Sorel,
d'autant que la durée de vie " commune " entre
Charles VII et Agnès Sorel est assez courte, 5 ans. C'est
curieux et faible car le règne des rois de cette époque,
les Valois sont considérables.
C'est d'ailleurs une constante dans l'Histoire de France de cette
époque. La durée du pouvoir est considérable
:
-
- Charles V : 1364- 1380 = 16 ans
Charles VI : 1380 - 1422 = 42 ans
Charles VII - 1422 - 1461 = 39 ans
Louis XI : 1461 - 1483 = 22 ans
- Et inversement, les grands faits de
cette époque sont très courts, songez que Jeanne
d'Arc a une vie publique de 2 ans
..
-
- Dans les documents de l'époque,
on note qu'il n'y a pas beaucoup de lignes sur le sujet. Les
chroniqueurs évoquent le roi Charles VII, la cour, sa
maîtresse, mais surtout les faits de guerre. Les réactions
intimes des uns et des autres, ce n'est pas trop leur problème.
Car il n'y a pas de
presse people en 1400.
-
- Prenons un exemple actuel sur les présidents
de la République aujourd'hui, pour Jacques Chirac, attendons
quelques années. Mais sur le président François
Mitterrand, lisez les 4 volumes de Jacques Attali sur le président,
Verbatim, publié dans les années 1995. Et bien,
ce chroniqueur qui fut au cur du pouvoir raconte en plusieurs
milliers de pages deux septennats, et bien, sur les sentiments
de Mitterrand vis à vis de son épouse Danièle,
il n'y a rien, sur la maîtresse non officielle, mais qui
le deviendra, rien, sur Mazarine, rien non plus. Et des dizaines
de pages sur la rencontre de Mitterrand avec Kadafi dans une
île de la méditerranée. C'était il
y a une dizaine d'années.
- Alors, sur Charles VII et Agnès
Sorel, c'est la même chose
peu en parlent.
C'est le temps des rumeurs et des fantasmes.
Des divergences certaines dans la vie de Charles VII apparaissent
au XIX siècle lorsque des historiens se penchent sur ce
règne.
- Pour Vallet de Viriville, le rôle d'Agnès Sorel
fut tout simplement capital, à la fois sur la politique
générale que sur la poursuite de la guerre contre
les anglais.
- - Inversement, pour Du Fresne de Beaucourt,
il n'y a aucune influence d'Agnès Sorel sur le roi et
sa politique.
-
- Qui croire ?
-
- Les influences d'Agnès
Sorel sur le roi sont à mon sens, au moins de trois ordres,
- - une influence sur la vie de tous
les jours, par sa seule présence, elle illumine la vie
de Charles VII. C'est le mot qui convient elle illumine le roi
et son entourage.
- - une influence psychologique qui est
indéniable, elle va redonner confiance au souverain, et
il va retrouver un nouvel ascendant sur son entourage.
- - une influence politique, et c'est
là que les avis divergent, la belle a-t-elle modifié
le cours des choses et en particulier de la guerre contre les
anglais ? Son influence politique est sans aucun doute réelle,
mais je dirais qu'elle fut indirecte.
-
- Ce sont ces trois points
qui méritent d'être analysés et développées
:
-
- Le Roi Charles VII va se transformer
au contact d'Agnès Sorel. Elle devient la Dame de Beauté.
Elle était partout présente auprès de lui,
de nuit comme de jour. Le roi ne pouvait plus se passer d'elle.
-
- 1/ La première influence
concerne la vie quotidienne du roi et de la cour
-
- Le roi découvre la joie de vivre,
le mélancolique se " lâche ", il était
souvent renfermé, triste, en mal de vivre, et il va s'ouvrir,
devenir un " joyeux luron ". Les chroniqueurs notent
qu'aussi bien à Nancy qu'à Châlons, il se
met à danser, il participe à des joutes, il s'en
va cueillir des fleurs, et certains ajoutent " il pouvait
dès lors discuter joyeusement ", ce qui semble être
pour ces chroniqueurs à la fois une découverte
et un exploit.
- Je vois d'ici le titre de " Voici
", ou " Paris Match " s'ils avaient existé
à l'époque, l'exclusivité, " Le roi
danse et joue ".
En fait, nul besoin d'être un fin psychologue pour donner
un nom à cette transformation, à ces joies nouvelles,
finalement, chacun de conclure par ces mots qui datent de tous
les temps, cet homme, le roi, était tout simplement tombé
amoureux. Un vrai coup de foudre !
- Le roi, pour beaucoup n'avait pas connu
l'amour avec un grand A. Marie d'Anjou, est avant tout sa "
copine " d'enfance, une compagne très fidèle,
qui est en admiration devant cet homme et qui le suit là
où il décide de se rendre. Lui, il l'aime en amitié,
dirions-nous tout en lui faisant tout de même une douzaine
d'enfants. C'est une sorte de tendresse, elle est pour lui comme
une sur
.. et un historien écrit aujourd'hui
méchamment " elle produit des héritiers, des
princes et des princesses, qui sont d'autant d'instruments d'alliances,
de pions diplomatiques sur l'échiquier européen
". selo, Georges Minois.
L'amour transfigure le roi.
On peut aussi se demander ce qu'avait Agnès Sorel de plus
que les autres ? Et son influence sera déterminante lorsque
l'on aura répondu à cette question :
-
- Agnès Sorel
était-elle si belle que cela ?
-
- Agnès Sorel était belle,
mais dans les cours des rois et des princes, les dames à
la beauté parfaite étaient légion
ou presque. Alors Agnès Sorel devait être au-dessus
du lot.
- Agnès Sorel a une vingtaine
d'années, et sur le plan physique, c'est sans aucun doute
un " canon ", une femme qui serait aujourd'hui "
top modèle " chez Dior ou Christian Lacroix. Il faut
dire que Marie d'Anjou, si le roi fait la comparaison n'a, sur
le plan de l'attirance physique aucune chance.
Marie d'Anjou n'est pas très belle, des chroniqueurs affirment
que " même un anglais aurait peur d'elle ", ce
qui n'est pas très aimable. Elle n'a pourtant que 35 ans,
mais les grossesses multiples lui ont encore davantage défiguré
le corps. Les remises en forme après une grossesse n'étaient
pas encore nées.
Pourtant, le roi nous dit Chartier, ne cessa, même dans
ces années " de coucher avec la royne ".
- Agnès Sorel est décrite
comme " la beauté " de l'époque. Olivier
de La Marche va écrire après sa mort, que c'était
" une des plus belles femmes que j'ai vu ", alors que
Jean Chartier dit de son côté, " entre les
plus belles, c'était la plus belle et la plus jeune du
monde ". Enfin, Monstrelet écrit " Comme entre
les belles elle était tenue pour être la plus belle
du monde, elle fut appelée damoyselle de Beaulté
.
".
- Agnès Sorel était belle
et avec ses bijoux et pierreries, visiblement, elle devait être
resplendissante. D'ailleurs, c'est assez curieux car le roi Charles
VII n'aimait pas trop ce luxe. C'est là une affirmation
qui est encore aujourd'hui discutable. Le roi avait de l'argent
où il s'en faisait prêter et il vivait dans une
certains forme de luxe vestimentaire, même si il n'avait
pas un amour fou des lieux où il était. Mais pour
d'autres chroniqueurs, il n'encourageait pas ces attitudes et
il semble qu'il reprochait à sa belle de déploiement
de luxe.
Jean Chartier écrira à ce sujet : " combien qu'il cognoissoit
et apercevoit bien que la chose luy redondoit et tournoit en
opprobe ".
- Les portraits qui furent faits confirment
ces affirmations, même si la notion de beauté féminine
a varié au cours du temps et l'on entend parfois aujourd'hui,
ces mots comme " Ha, elle n'était pas si bien que
ça ", ou encore " avec ce grand front, elles
n'est pas terrible la belle ".
-
- On connaît d'elle
sans doute 4 portraits :
-
- - un portrait est au cabinet des estampes
: Portrait d'Agnès Sorel D'après Jean Fouquet /
Paris, BnF, département des Estampes, Rés. Na 21,
f. 28
- un portrait est au château de Loches, c'est une huile
sur toile qui a été réalisé au XVI
siècle, ( mystère sur un portrait qui serait au
château de Monchy)
- un portrait est dans un " album Médicis "
donné par Robert Guillot.
- un portrait, le plus célèbre, a été
réalisé par Jean Fouquet en 1450. (Peinte vers
1453 ( ?), cette vierge à l'enfant ornait autrefois à
Melun le tombeau d'Etienne Chevalier, trésorier du roi
de France, et ami d'Agnés Sorel dont le peintre a reproduit
les traits. On peut l'admirer au musée d'Anvers.)
-
- C'est d'ailleurs " le portrait
dit officiel ", que le peintre tourangeau a réalisé
quelques mois avant la mort de la belle dame. C'est " la
vierge à l'enfant entourée d'anges ". C'est
un diptyque qui représente une vierge qui n'est autre
qu'Agnès Sorel, elle est actuellement au Musée
royal des Beaux Arts d'Anvers, c'était une commande d'Etienne
Chevalier qui fut un des proches de la maîtresse du roi.
(Minois p 433)
Une copie est à Loches.
- Très " gonflé "
le peintre de réaliser un tel portrait, car représenter
la vierge sous les traits dune " putain du roi ", c'est
rare, osé et unique.
- Donc la " belle
" est vraiment belle !
- Une influence psychologique réelle
- Le roi devient au cours des premiers
mois, très fier de sa conquête, il va " braver
tous les interdits ", il " reprend du poil de la bête
", c'est à dire du courage.
La dévotion envers la belle devient publique.
- Elle est belle mais elle a quelque
chose de plus, pour Minois, elle est " douceur et tendresse
", mais aussi " culture et modestie ".
Les mots sont importants. Elle a un cerveau et quel cerveau,
ce n'est pas une belle dame, sans cervelle, juste très
bonne au lit. Non elle est cultivée et bénéficie
d'une personnalité très attachante.
- Oliver de La Marche écrit "
elle possède un langage honnête, et bien poli qui
était en elle ", elle a une culture qui la met largement
au-dessus des " autres filles de la cour et de son âge
".
- Mais elle reste toujours à sa
place, elle n'en rajoute pas, en tout cas en public. On peut
même pense que vis à vis de la reine Marie, elle
a un peu de remord, à la fois d'être si belle et
d'avoir ouvert le cur du roi.
- Le roi est heureux, et ce sont certainement
les plus beaux moments de sa vie. Il va aussi beaucoup donner
à Agnès, des bijoux, de l'argent, des terres, Chastelain
écrit qu'elle est mieux traitée que la reine, elle
a " les plus beaux parements de lit, meilleure tapisserie,
meilleure linge et couverture, meilleure vaisselle, meilleures
bagues et joyaux
meilleur tout ".
- L'effet Agnès Sorel est donc
essentiellement psychologique. Le roi qui avait eu une vie horrible
depuis sa plus tendre enfance était devenu un être
faible, juste remis en selle pendant un an par Jeanne d'Arc,
et il pensait que la vie était triste, et ne méritait
pas d'être vécu, comme l'on dirait aujourd'hui.
- Il était en permanence aux prises
avec le doute, il voyait des complots partout, et n'avait confiance
en personne. Une vie de chien
en quelque sorte.
- Et c'est cet homme qu'Agnès
transforme. Il va découvrir que la vie peut être
belle, joyeuse, et que le bonheur existe. Au contact d'Agnès,
le roi va s'épanouir, il se trouve tout simplement transformé.
" Elle a un effet salutaire ".
- C'est un homme nouveau qui va désormais
diriger les affaires de la France, croyant en lui, davantage
porté vers l'action, il voit la vie en rose, et Agnès
est sa raison de vivre.
- Minois ajoute d'ailleurs " Agnès
Sorel n'a peut être pas influencé le roi, mais elle
a transformé l'homme ". Ils vont vivre 5 années
de bonheur !
Le roi d'ailleurs était depuis sa plus petite enfance,
un roi errant. C'est un vrai nomade, il va de château en
château avec sa cour, ne restant dans chacun de ces lieu
qu'assez peu de temps.
- Pourquoi ?
- Sans doute se souvient-il de ses jeunes
années et des grands et lugubres palais parisiens. Aussi
va-t-il rester dans des lieux plus modestes.
Ensuite, ce n'est pas un roi qui cherche le contact avec son
peuple, il a peur de la foule, persuadé que s'y cache
un sbire des partis opposés, ou des partisans de son propre
fils, prêt à le trucider. Le souvenir de Montereau
le mine.
- Et avec Agnès Sorel, ce sera
la même chose, le roi va vivre avec sa belle dans des lieux
peu ou mal connus.
Il vit principalement dans de petites demeures bourgeoises, ou
de petits châteaux.
C'est le cas de Razilly, qui est situé à proximité
de Chinon, et il demeure en ce lieu plusieurs mois avec Agnès.
Ce petit château appartenait à un simple chambellan
qui ne le met pas gracieusement à la disposition du couple,
mais il loue son petit château pour une somme de 200 livres
en 1445, pour une durée de 8 mois.
Autre lieu des amours de deux amants, à Roberdeau, qui
possède un beau parc.
- Enfin, aussi au château de Loches.
- Mais le lieu le plus connu, c'est à
côté de Bourges, à Bois-sir-Amé. (canton
de Levet).
-
- Bois - Sir - Amé,
encore appelé Bois-Trousseau
-
- Ce château appartenait au vicomte
de Bourges, qui s'appelait Artault Trousseau, et c'est là
que Jacques Cur intervient.
En effet, la seule fille de Jacques Cur, Perrette était
mariée avec Jacquelin Trousseau qui était le fils
d'Artault. Le couple, Jacquelin et Perrette, venait souvent dans
ce château lequel n'était pas en bon état.
- Charles VII, en 1447, passa plusieurs
mois dans ce lieu du Berry profond, pas trop loin de Bourges.
- Agnès Sorel et Charles VII se
rejoignaient nous dit l'Histoire et un peu la légende
à Bois-Sire-Amé, un château situé
à proximité de Bourges, à 5 lieues au sud
de la Ville, sur la commune de Vorly, pas très loin non
plus de Levet. Ils aimaient y passer les mois d'été.
Le nom du lieu s'appelait aussi parfois "Bois Trousseau".
- Le roi, à qui le château
devait plaire, à moins que ce ne soit sur la demande pressante
de sa belle, va acheter le château à Trousseau en
1447, et il l'offre à la dame de Beauté.
Mais le château nécessite des travaux importants
qui sont effectués par le roi, et le chantier est surveillé
par Jacques Cur. C'est sans doute à ce moment que
les liens entre l'Argentier et Agnès Sorel se resserrent.
- De plus, c'est dans ce château
que se déroulent en juin 1447, le mariage du fils Artault,
Jacquelin, avec la fille de Jacques Cur, Perrette.
- Dans cette période, de 1447,
le roi vit à Mehun sur Yèvre, on sait que le 24
mai, il donne encore dans cette ville des audiences. Par contre,
dès qu'il a un instant de libre, il chevauche jusqu'à
Bois-Sire-Amé, retrouver la belle. On le retrouve ainsi
en juin 1447 et en juillet de la même année avec
toute la cour.
Il ne s'y cache pas, Robert Philippe, l'historien, affirme "qu'il
y retrouve Agnès Sorel dont la présence n'est cachée
à personne : ni le lieu, ni les hôtes ne sont tenus
secrets". C'est un "vrai second ménage"
et la proximité du château et de Bourges ou Mehun
sont des atouts incontestables pour le roi.
- Après la mort d'Agnès
Sorel, le roi Charles VII, qui s'est consolé continue
à venir l'été dans le château berrichon.
Il vient avec toute sa cour, en août 1452, et aussi pendant
l'été 1455.
- De la réalité à
la légende :
- A Bourges et en Berry, depuis cette
lointaine époque, la légende du souterrain de la
Belle est présent. Il s'agit d'un souterrain important
puisque l'on pouvait y passer à cheval. Et ce souterrain,
comme l'on en rencontre au centre de la ville de Bourges allait
de Mehun à Bois-Sire-Amé, et la chronique indique
que le Roi prenait ce souterrain pour aller voir sa maîtresse
..
Jusqu'à ce jour, aucun souterrain n'a jamais été
découvert
.. mais les recherches continuent.
-
- Il ne s'agit pas pour le roi de sa
cacher, car dans ces demeures modestes, il reçoit ses
conseillers, tient en particulier des conseils et il reçoit
même des ambassadeurs. La cour est présente, mais
elle est assez restreinte. Il faut dire que les petits châteaux
ne permettaient pas de loger plusieurs centaines de personnes.
-
- Une influence politique
certaine mais controversée
-
- Agnès Sorel et la politique,
c'est là que les avis divergent. Et il y plusieurs théories
ou appréciations.
- Des auteurs comme Henri de Man au XX
e siècle traitent l'influence de la Belle par le mépris,
il écrit en effet : " C'était une cervelle
d'oiseau, inculte et d'un horizon limité aux affaires
de toilettes, de bijoux et autres soins de coquetterie, avec
la pointe requise de repentir et de dévotion, mais incapable
de suivre les profonds desseins politiques qu'on lui a prêtés
".
- Voilà avec ce texte, la belle
dame habillée pour l'hiver
..
- Pourtant, ajoute Jacques Heers qui
donne cette citation, si elle avait une cervelle d'oiseau, elle
a tout de même usé de son crédit pour protéger
et favoriser les siens, ainsi que ses amis. Elle a en particulier
bien avantagé sa famille.
Et puis elle a formé un cercle de fidèles qui prirent
de plus en plus d'influence au près du roi nous dit Jacques
Heers.
- Sur le plan politique, Agnès
Sorel n'a sans doute pas eu l'influence que l'on peut penser,
mais d'une manière indirecte, elle a su se faire des amis
à la cour et les imposer au roi. C'est ce que semble penser
aujourd'hui des historiens comme Georges Minois.
- C'est sans doute par elle que l'expression
du roi appelé le " bien servi " va se révéler
exacte. Le roi se retrouve entouré de personnages de haut
niveau, aussi bien dans la noblesse que dans cette classe nouvelle
de la bourgeoisie, dans laquelle nous pouvons placer Jacques
Cur.
- Olivier de la Marche écrit :
" Agnès
Sorel fit en sa qualité beaucoup de bien au royaume de
France, car elle avançoit devers le roi jeunes gens d'armes
et gentils compagnons dont depuis le roui fut bien servi ".
- Mais avec la belle Agnès, la
légende n'est jamais très loin de la réalité,
ainsi Brantôme 1540- 1618 (Pierre de Bourdeille - dit Brantôme
- est un personnage à plusieurs facettes. En effet, abbé
laïque (ou séculier) de Brantôme il s'illustre
aussi bien par les armes que par la plume de l'écrivain.
Même s'il n'est pas considéré comme un historien,
il sera un chroniqueur du XVIème siècle. Il va
faire d'elle l'instrument qui va permettre de poursuivre la guerre
contre les Anglais, et il écrit :
"
le
roi Charles VII, amouraché d'elle et ne se soucier que
de lui faire l'amour, et, mol et lâche, ne tenir compte
de son royaume, lui dit un jour que lorsqu'elle était
encore jeune fille, un astrologue lui avait prédit qu'elle
serait aimée et servie par l'un des plus vaillants et
courageux rois de la chrétienté
et quant
le roi l'aimât, elle pensait que ce fut ce roi valeureux
qui lui avait été prédit ".
-
- Et Brantôme poursuit le récit
en affirmant qu'Agnès voyant ce roi si mou, elle pensait
qu'elle s'était trompé et que le roi valeureux
.
C'était en fait le roi d'Angleterre, lequel " lui
prenait tant de belles villes à sa barbe, donc dit-elle,
je m'en vais le trouver, car c'est lui duquel entendait l'astrologue.
Ces paroles piquèrent si fort le cur du roi qu'il
se mit à pleurer et prenant courage, prit le frein aux
dents, si bien que, par son bonheur et vaillance, chassa les
Anglais de son royaume ".
- Magnifique récit, bien dans
la légende de ces époques, mais la réalité
est sans doute plus complexe.
- Il faut se souvenir qu'en mai 1444,
c'est la signature d'une trêve avec les Anglais, et elle
va durer avec des hauts et des bas, environ 5 ans. Jusqu'en 1449.
- Agnès Sorel avait-elle des convictions
et un intérêt à favoriser la paix ou inversement
à en finir avec cette guerre contre les anglais ?
-
- Deux types d'arguments
sont en présence :
-
- Elle vit le parfait amour avec Charles
VII, et n'a pas d'intérêt majeur pour pousser le
roi à la guerre, d'autant plus que lui, n'y tient pas
trop. On peut donc penser qu'elle favorise avant tout la paix,
elle brille à la cour, fait des enfants, s'amuse, et veut
protéger le roi.
Il faut aussi avoir à l'esprit que Jacques Cur,
de son côté n'a pas intérêt à
vouloir la guerre. Cela lui coûte de l'argent et il veut
essentiellement faire du commerce et de la diplomatie, alors,
la guerre c'est pas son truc.
-
- On peut raisonnablement penser que
la guerre qui s'est déclenchée à partir
du début de l'année 1449 n'est pas le fait d'Agnès
Sorel, d'ailleurs dans ces périodes de conflit, elle ne
peut pas suivre son amant.
- Le seul élément qui aurait
pu pousser Agnès Sorel à une attitude inverse,
c'est le mythe Jeanne d'Arc, c'est de vouloir être à
sa manière une nouvelle héroïne, en poussant
le roi et son argentier à bouter les anglais hors de France.
C'est possible mais pas certain.
Dans cette dernière hypothèse à laquelle
je ne m'associe pas, la fin de la guerre de 100 ans serait due
à la puissance de conviction d'Agnès Sorel et à
l'argent de Jacques Cur
.
- L'influence d'Agnès Sorel est
d'essence différente, c'est une influence indirecte, plus
subtile, plus en harmonie avec son pouvoir qui est celui de la
séduction. Elle a séduit le roi, mais aussi de
nombreux hommes de son entourage qu'elle a choisi. C'est bientôt
un clan ou un réseau.
-
- le réseau Agnès
Sorel
-
- Agnès Sorel si belle et si jeune
semble avoir eu la capacité très forte de réunir
autour d'elle des personnages de haut niveau qui vont former
une sorte de premier cercle et à la fois l'aider, la protéger
et faire un rempart entre " la dame et le roi " face
à tous les comploteurs.
Elle va ainsi favoriser la carrière de nombreuses personnes,
dont elle détecte la valeur et l'aide qu'elles pouvaient
apporter à son amant de souverain.
- C'est de manière progressive
qu'Agnès met en place ses pions dirions-nous aujourd'hui.
Elle commence dès son arrivée près du roi,
mais surtout après le départ du dauphin Louis,
c'est à dire à partir du début 1447.
- On parle alors des amis d'Agnès
Sorel comme d'un clan.
- On note la présence de Brézé,
sénéchal et comte d'Evreux, un beau parleur nous
dit Chastellain.
- Mais aussi
- Jean de Maupas
Etienne Chevalier
Guillaume Cousinot
Beauveau de Précigny
Guillaume d'Estouteville
Jamet du Tillet
Jean Dauvet
Jacques Cur.
-
- Ces grands personnages viennent de
tous les milieux, nobles, clergés, et des bourgeois comme
Jacques Cur.
-
- Mais on retrouve aussi un grand personnage
qui sera présent dans la fin de la vie de Jacques Cur
et un de ses ennemis intimes : Guillaume Gouffier. Il vient de
la maison d'Anjou, et en 1444, on le retrouve écuyer valet
de chambre du roi.
Ce " bel, net et de bonne taille " homme, selon Chastellain
est un vrai sportif et vrai homme d'armes, on dit qu'il aime
les joutes et autres tournois comme ceux de Razilly et surtout
celui de Bourges.
- Ce Guillaume Gouffier est sans doute
aussi le garde du corps de la belle Agnès, on le retrouve
à Loches, à Tours et à Paris, il accompagne
la Dame de Beauté.
-
- Ce cercle des " amis " d'Agnès
Sorel comprend encore les frères Bureaux, surtout semble-t-il
Jean Bureau. (p445)
- Jean Dauvet, lui aussi, est procureur
du roi, il fait parti du même cercle. Notons que certains
de ces personnages à la mort de la Belle vont s'entredéchirer
.
Et le premier à subir ces désunions fut Jacques
Cur.
- Ce qui semble important pour cette
étude, c'est de retrouver dans l'entourage immédiat
du roi et de sa belle, une grande quantité d'hommes de
valeur. Elle assure la cohésion du groupe ainsi constitué,
et c'est sans doute là, la réponse à la
question et à l'énigme sur l'influence d'Agnès
Sorel dans les affaires de l'Etat.
-
- Les conseillers du roi ne sont pas
des marionnettes, des gens compétents et tous au service
de leur roi. Ainsi, le niveau de confiance est très fort,
ils sont davantage axés sur les problèmes de l'Etat
que généralement les nobles de cette époque.
Le roi réunit le conseil tous les jours, et ne décide
rien sans leur avis. Par contre, la belle n'assiste pas semble-t-il
au Conseil, mais elle y a ses " hommes à elle ".
-
- Agnès Sorel et
le dauphin, futur Louis XI
-
- Les années 1444 et 1445 sont
très importantes pour tous les personnages de cette époque.
C'est un drame qui se noue eau plus haut somment de l'Etat.
On trouve dans cette pièce digne de Shakespeare, le roi
Charles VII, il est en froid avec son fils, lequel attend avec
impatience le trône. Le Dauphin Louis, et Agnès
Sorel, que le roi est en train d'imposer ne vont pas être
des " amis de 5 ans ".
Et dans ce drame, l'épouse de Louis XI meurt le 16 août
1444, ce qui semble libérer le futur Louis XI.
- Pour la petite histoire, Marguerite
d'Ecosse meurt à la suite d'un refroidissement, elle a
19 ans, et c'est au cours d'un pèlerinage vers Chalons,
que la jeune femme attrape le mal qui va l'emporter, et ce pèlerinage
était fait avec le roi et Agnès Sorel. (à
Notre Dame de l'Epine).
- Ce drame de la mort de Marguerite d'Ecosse
marque la césure entre les partisans du roi, donc du tout
nouveau clan d'Agnès Sorel et ceux du Dauphin.
- Le Dauphin se libère, il veut
choisir seul sa nouvelle épouse, et se coupe de plusieurs
de ses partisans. C'est à ce moment que plusieurs des
amis du Dauphin s'en vont, comme Etienne Chevalier qui était
alors maître de la chambre du dauphin et qui s'en va dans
le nouveau clan d'Agnès Sorel. Il deviendra trésorier
de France.
- Les premières altercations entre
le Dauphin et la belle ont sans doute pour sujet, la situation
de Marie d'Anjou, Louis se rapproche de sa mère, l'affrontement
est inévitable. C'est ainsi que cela vient aux oreilles
du pape Pie II, sur la foi du rapport d'un nonce qui " montre
le dauphin poursuivant la maîtresse du roi l'épée
à la main, pour venger l'injure faite à sa mère
".
- Pourtant, tout avait bien commencé,
car après la Praguerie de 1440, le Dauphin voulait se
réconcilier avec les gens qui comptaient autour de Charles
VII. Lorsqu'il revint de la campagne d'Armagnac, il fit don à
la " belle ", de 6 tapisseries représentant
" l'Histoire de la chaste Suzanne ". C'était
gentil, mais peut-être avec des sous-entendus
. La
chaste Suzanne !
- Agnès Sorel et le dauphin vont
former deux clans et s'opposer. Pour le futur Louis XI, Agnès
est une rivale. Elle a le roi à elle toute seule, et lui
ne peut plus guère approcher son père.
Agnès Sorel
est donc un peu " chef de clan ".
Agnès Sorel et
Pierre de Brézé
-
- Dans cette grande querelle qui oppose
Agnès Sorel et le dauphin Louis, un personnage fait l'objet
d'un vrai débat, c'est Pierre de Brézé.
C'est un homme qui est né vers 1410, il a donc environ
35 ans, il vient d'une petite noblesse, et se trouve être
un personnage politique de bon niveau, mais aussi un homme de
guerre et un amateur de littérature.
- Il entre dans l'entourage du roi en
même temps qu'Agnès et ils vont former, Agnès
et de Brezé, un couple très proche du roi et le
soutenant à tous les instants. Ce sont des gens de confiance
et cela va les rapprocher, d'autant que de Brézé
est un admirateur de la Dame de Beauté.
- A partir de 1444, alors que Agnès
devient la maîtresse royale, de Brézé devient
lui un de ses ministre les plus écoutés.
Brézé devient le personnage principal de la cour
et du conseil du roi. C'est ce que Minois appelle le clan Sorel
qui triomphe alors, reléguant le clan des Angevins qui
avaient été très puissants avec la reine
Yolande qui était morte en 1442, alors que le roi René
était retourné dans sa Provence et que Charles
de Maine ne participaient plus au conseil. La place était
donc toute chaude pour Agnès Sorel et ses amis.
- Bourges, Vernon et Agnès
Sorel
-
- En 2006, Bourges a reçu une
délégation de la ville de Vernon dans l'Eure, et
au cours de plusieurs conversations, montrant les liens de Bourges
avec cette ville lors des bombardements de la dernière
guerre mondiale, il fut cité un autre lien avec Charles
VII et Agnès Sorel.
- En effet, dans cette époque
du Moyen Age, la ville de Vernon est au centre de la guerre dite
de cent ans, et en 1346, elle est incendiée par les troupe
du roi Edouard III d'Angeterre. Une dizaine d'année plus
tard, c'est le duc de Lancastre qui pille la cité, alors
que trois ans après en 1359, Vernon est attribuée
en apanage à Blanche de Navarre, veuve de Philippe IV
de Valois.
- Et c'est le roiCharles VI qui va tenter
reconquérir la cité face aux Anglais en 1419, mais
c'est finalement le "petit roi de Bourges", Charles
VII qui délivre Vernon en 1449.... avec l'argent de Jacques
Coeur.
- Le roi Charles VII, alors très
amoureux de sa belle, Agnès Sorel, attribue Vernon à
Agnès Sorel. La favorite devient dès lors, pour
les habitants de Vernon, "la Dame de Vernon".
- Dame de Beauté (du château
de Beauté sur Marne) et Dame de Vernon, décidément,
Agnès Sorel était un grand personnage.
-
-
- à suivre et à compléter.
affaire à suivre.
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